Pierre Roth est délégué général de la CRES, la Chambre Régionale de l’Economie Sociale en Alsace.
Que fait-on quand on est délégué général de la CRES ?
On fait de la politique, on s’interroge sur l’économie sociale et solidaire dans la société. Ma mission est de porter en termes de discours, d’informations et d’aide au développement, l’économie sociale et solidaire. Faire travailler ensemble les acteurs (politiques, porteurs de projets, collectivités, banques, fédérations) selon le principe de subsidiarité : ne pas agir à la place des membres, être un levier pour que les porteurs de projets puissent faire aboutir leurs idées.
Quand et comment avez-vous rencontré Artenréel ?
J’ai rencontré Stéphane Bossuet quand il était encore directeur adjoint de l’OGACA et moi-même j’étais à Alsace Active. A ce moment, Artenréel était en phase de montage, puis je l’ai retrouvé en 2006 quand je suis arrivé à la CRES. Ce qui m’a séduit, c’est la démarche collective et coopérative, la réflexion sur une approche des métiers de la culture et des artistes. Je n’ai jamais été choqué par l’idée qu’il fallait chercher des solutions économiques pour l’artiste. La crédibilité du porteur de projet était importante, Stéphane avait un vrai bagage culturel avec son parcours à l’OGACA et sa formation de dirigeant de coopérative au CNAM. Il a pensé le projet et l’a mis en œuvre. Et puis, comme il est un peu fou, comme moi, il a désiré inventer quelque chose d’impossible, on a besoin de ça !
Pourquoi Artenréel, c’est quelque chose d’impossible ?
Impossible, ça aurait pu l’être, la démarche montre que ça ne l’est pas. Impossible car comment faire travailler ensemble des individualistes forcenés. Les artistes, il faut bien le dire, l’économique, ça ne les branche pas. Ce que j’aime dans Artenréel, c’est l’envie de ne pas se satisfaire de ce qui existe, mais d’aller plus loin et de confronter la démarche à d’autres territoires, d’autres cultures : c’est l’essaimage en France puis en Europe. J’ai beaucoup aimé qu’Artenréel s’attache à la structuration du territoire. Il ne pouvait pas y avoir cinq CAE sur le territoire. Cela aurait affaibli chacun des projets et c’est incompatible avec l’économie sociale et solidaire. La force de Stéphane Bossuet a été de ne pas rester enfermé sur son projet, c’est un vrai développeur.
Que fait la CRES concrètement pour Artenréel ?
La CRES ne finance que les projets émergeants avec les mesures du FSE, donc la CRES soutient Artenréel, non pas dans son développement, mais dans son projet de coopérative mutualisée, cette nouvelle structuration pourra être financée par la CRES à hauteur d’un poste pendant six mois. Après, c’est du réseautage. A la CRES, on a un problème avec la culture, elle n’est pas représentée dans nos instances dirigeantes, nos membres ne peuvent être que des fédérations et il n’y a aucune fédérations culturelles. Travailler avec Artenréel, c’est progresser dans cette direction, arriver à une convention nationale. On fait beaucoup pour la culture en termes de financement*, pas en termes de structuration, Artenréel, c’est un bout de réponse.
* La CRES a financé des projets culturels comme l’accès à des spectacles pour des aveugles au Festival du Nouveau Cirque, l’accompagnement de professionnalisation d’artistes, un projet de lecture de l’image pour des personnes en insertion avec La Chambre.