Directeur Général de l’Agence Culturelle d’Alsace (ACA)
Pour ceux qui ne connaissent pas l’Agence Culturelle d’Alsace, pouvez-vous nous dire quelle sont les missions de cette structure ?
L’agence a vocation d’accompagner les artistes et acteurs culturels des collectivités territoriales autour de trois grands thèmes : le spectacle vivant, le cinéma et l’art contemporain via le FRAC. Notre structure agit dans le cadre des dispositifs de la politique du Conseil Régional et produit des éléments qui favorisent la prise de position politique relative à la culture, en termes d’analyse, d’expertise et d’éclairage sur la réalité de ces secteurs en Alsace et en France. Concernant le spectacle vivant, notre mission consiste à aider les artistes par rapport à la diffusion régionale, à la structuration de la filière en termes de formation administrative et technique. Année après année, nous constatons le besoin de structuration du milieu professionnel afin qu’il gagne son statut d’entreprise culturelle.
Les quatre piliers de l’ACA sont donc :
• L’aide à la formation et à la professionnalisation
• La diffusion et l’aménagement du territoire
• L’accompagnement des dynamiques de création artistique
• L’expertise et la ressource pour les acteurs culturels
En quelques mots, quel est votre parcours professionnel ?
J’ai été formé en école supérieure de commerce et j’étais aussi musicien hautboïste, pour la musique de chambre. Je travaille dans le secteur culturel depuis 25 ans. J’ai dirigé des structures départementales et régionales, entre autres le département de la culture dans le Lot et Garonne.
Quel est votre regard sur Artenréel ?
Agir dans un cadre coopéatif est une démarche singulière, la recherche de nouveaux modèles de fonctionnement est essentielle car nous sommes arrivés au bout des anciens. Après avoir vécu, une démarche expérimentale, Artenréel me semble en phase de développement. Le secteur culturel gagne à développer sa professionnalisation, en légitimant l’action culturelle publique avec les ressources qui l’accompagnent. Dans le passé, cette dimension professionnelle était insuffisante, Artenréel participe à la légitimation des structures culturelles, car elle est reconnue comme une entreprise. Il faut asseoir la spécificité de nos enjeux avec des savoirs être et des savoirs faire en résonnance avec notre société. L’entreprise artistique et culturelle a besoin de formation et de compétences renouvelées. Pour que l’art puisse s’exprimer librement, elle doit faire preuve de singularité mais pas de marginalité. Dans le contexte économique actuel, notre société a un regard exigeant.
Quel est son apport sur un territoire comme l’Alsace ?
L’Alsace a une richesse artistique à prendre en considération. Il y a beaucoup de projets, d’artistes et un territoire limité. L’offre y est abondante, il est donc important d’aider à se structurer. Aider les artistes à avoir une vision stratégique de leur projet en considérant les enjeux artistiques, économiques et sociaux, cela légitime des structures comme Artenréel.
Que peut apporter Artenréel #1 dans ce contexte ?
Artenréel #1 en tant que bureau de production rejoint la même finalité que l’ACA : structurer ses acteurs, les aider dans une démarche plus collective et mutualisée. Renforcer les ressources, avoir cette capacité de mieux exister dans un réseau plus large, c’est aujourd’hui une nécessité. Et surtout accompagner cette organisation collective en parta- geant les outils, les méthodes, les savoirs faire. Exister dans une communauté répond aux problèmes d’isolement. Aujourd’hui plus qu’hier, la réalité concurrentielle ne se situe pas au niveau local mais national voire international. Nos voisins belges ou plus loin encore québécois développent des modèles de conquêtes de territoire très offensifs. La force d’une proposition artistique ne peut être révélée que si existe la possibilité de la faire connaître à travers un réseau.
Pensez-vous pouvoir coopérer avec Artenréel, apporter vos compétences ?
Une coopération entre Artenréel et l’ACA me semble tout à fait envisageable. Avec le Relais Culture Europe, nous voudrions permettre une meilleure compréhension des programmes européens et favoriser un regard plus transfrontalier. Il y a un axe complémentaire en termes d’action par rapport au bureau de production pour le conseil et la formation, et enfin un besoin de réseautage est à satisfaire, car les synergies font sens et même nécessité. À Strasbourg, nous avons besoin d’une structure capable de répondre à des enjeux de territoire avec l’ACA qui est à Sélestat.